Les critères d'évaluation des banques pour un projet de franchise
Selon Gérard Alan, Responsable franchise à la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes, l'évaluation d'un projet de franchise repose sur plusieurs critères clés qui diffèrent d'une création d'entreprise classique.
Le profil du porteur de projet est un élément déterminant. Les banques analysent attentivement les qualités du candidat qui doit démontrer des compétences de gestionnaire, de manager et de commercial. L'adéquation entre le projet et la vie personnelle du créateur est également scrutée, notamment le soutien de l'entourage face aux contraintes entrepreneuriales.
La solidité du réseau de franchise constitue un critère majeur d'évaluation. Les établissements bancaires étudient minutieusement :
- L'historique et l'évolution de l'enseigne
- La performance du réseau (succursales et franchisés)
- Les informations sur les sorties et leurs motifs
- La stratégie de développement du franchiseur
Un avantage significatif de la franchise est que "le porteur de projet est considéré comme un créateur d'entreprise accompagné", ce qui rassure considérablement les banques. L'accompagnement du franchiseur, la formation initiale et l'assistance continue constituent des gages de pérennité importants.
Pour maximiser ses chances d'obtenir un financement, le candidat doit présenter un dossier complet incluant le Document d'Information Précontractuel (DIP), une analyse approfondie du marché local et national, ainsi que des projections financières réalistes basées sur les performances du réseau.

L'apport personnel et son importance dans le financement
L'apport personnel constitue la pierre angulaire du financement d'une franchise. Les banques exigent généralement un apport minimum représentant 30 à 40% de l'investissement total, démontrant ainsi l'engagement financier du porteur de projet.
Pour constituer cet apport, plusieurs solutions s'offrent au futur franchisé. L'épargne personnelle reste la source principale, notamment via :
- Le Livret A
- Le Livret Développement Durable (LDD)
- Le Plan d'Epargne en Actions (PEA)
- Le Livret d'Epargne Entreprise
- Le Plan Epargne Logement
La love money, ou l'aide financière des proches, peut également compléter l'apport. Les parents et grands-parents peuvent chacun donner jusqu'à 31 865 euros exonérés d'impôts tous les 15 ans.
Les montants d'apport varient significativement selon les secteurs. Par exemple :
- Boulangerie : 120 000 € pour un investissement de 650 000 €
- Commerce alimentaire : 50 000 à 350 000 € pour 1 100 000 €
- Salons de coiffure : 15 000 à 30 000 € pour 150 000 €
- Prêt-à-porter : 30 000 à 70 000 € pour 300 000 €
Il est crucial de noter que l'apport personnel ne se limite pas aux liquidités disponibles, mais peut inclure également des apports en nature comme du matériel ou un local commercial déjà possédé.

Les solutions de financement alternatives au prêt bancaire classique
Au-delà du prêt bancaire traditionnel, plusieurs solutions alternatives permettent de compléter le financement d'une franchise. Le crowdfunding ou financement participatif gagne notamment en popularité. Via des plateformes comme Unilend ou Lendopolis, il permet de lever rapidement des fonds auprès de particuliers investisseurs, avec des montants pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros. Attention toutefois aux taux d'intérêt plus élevés (7,3% en moyenne) et aux durées de remboursement plus courtes (41 mois en moyenne).
Les prêts d'honneur constituent une autre option intéressante. L'ADIE peut ainsi accorder jusqu'à 10 000€ sous forme de microcrédit, tandis que le Réseau Entreprendre propose des prêts sans intérêt ni garantie allant de 15 000€ à 50 000€. Initiative France offre également des prêts à taux zéro, bien que les franchisés ne soient pas prioritaires.
Du côté des aides gouvernementales, BPI France peut garantir jusqu'à 200 000€ de prêts bancaires. Le dispositif NACRE, réservé aux bénéficiaires de l'allocation chômage, permet quant à lui d'obtenir un prêt à taux zéro sur 5 ans maximum, en complément d'un prêt bancaire. Ces aides s'accompagnent souvent d'un accompagnement technique précieux pour le montage du dossier financier.
A noter que ces solutions alternatives peuvent être combinées entre elles pour optimiser le plan de financement global, tout en conservant une structure financière équilibrée.
La construction d'un dossier de financement convaincant
Pour maximiser vos chances d'obtenir un financement bancaire, la préparation d'un dossier complet et structuré est essentielle. Selon Gérard Alan, Responsable franchise à la Banque Populaire, les éléments clés attendus sont :
Le Document d'Information Précontractuel (DIP) doit être soigneusement étudié et maîtrisé. Il permet de démontrer votre compréhension approfondie du réseau de franchise et de son modèle économique.
Votre dossier doit inclure :
- Un CV détaillé mettant en avant vos compétences de gestionnaire et de manager
- Une présentation claire de votre situation patrimoniale et de vos apports personnels
- Les comptes prévisionnels sur 3 ans validés par un expert-comptable
- Une étude de marché locale approfondie
- Les devis détaillés pour tous les investissements prévus
- Le projet de statuts de votre future société
"Le porteur de projet doit démontrer qu'il a les moyens financiers de ses ambitions et qu'il maîtrise parfaitement son projet", souligne l'expert bancaire. La qualité de la présentation et la cohérence des chiffres sont déterminantes pour convaincre les décideurs.
Les investissements spécifiques à prévoir en franchise
L'investissement initial pour créer une franchise comprend plusieurs postes spécifiques qu'il est essentiel de bien évaluer. Le droit d'entrée, versé au franchiseur, représente la première dépense importante, variant selon les enseignes.
Les coûts d'installation incluent également :
- La formation initiale (si non comprise dans le droit d'entrée)
- L'aménagement du local aux normes de l'enseigne
- Le stock initial de marchandises
- Le matériel et mobilier spécifique
- Les frais de communication de lancement
À titre d'exemple, l'investissement moyen varie selon les secteurs : 650 000€ en boulangerie, 300 000€ en prêt-à-porter, 150 000€ en salon de coiffure. Il est crucial d'inclure également une trésorerie initiale pour couvrir les premiers mois d'activité avant d'atteindre l'équilibre.
Les redevances périodiques, généralement calculées sur le chiffre d'affaires, constituent un coût de fonctionnement à part et ne sont pas intégrées dans l'investissement initial. Une redevance publicitaire distincte peut également être demandée pour la communication nationale du réseau.
L'accompagnement et les garanties dans le processus de financement
Se faire accompagner dans sa recherche de financement est crucial pour maximiser ses chances de succès. Le franchiseur joue un rôle central dans cet accompagnement, comme le souligne Gérard Alan, Responsable franchise à la Banque Populaire : "Le porteur de projet est considéré comme un créateur d'entreprise accompagné, ce qui est très rassurant pour les banques."
La plupart des réseaux de franchise disposent de partenariats privilégiés avec des établissements bancaires. Ces accords facilitent l'obtention de financements grâce à une meilleure connaissance du concept par les banques partenaires. Le franchiseur peut également vous orienter vers des experts-comptables et des courtiers spécialisés dans le financement professionnel.
Pour sécuriser le prêt, les banques exigent généralement plusieurs types de garanties :
- Le nantissement du fonds de commerce, qui permet à la banque de saisir le fonds en cas de défaillance
- La caution personnelle du franchisé, engageant son patrimoine personnel
- Les garanties bancaires d'organismes comme Bpifrance ou la Siagi
L'intervention d'un expert-comptable est particulièrement recommandée pour optimiser la structure des garanties et négocier les meilleures conditions. Il aide notamment à établir un prévisionnel financier crédible et à présenter un dossier solide aux banques.
Les courtiers spécialisés en franchise peuvent également s'avérer précieux. Leur connaissance approfondie du secteur et leurs relations avec les établissements bancaires permettent souvent d'obtenir des conditions de financement plus avantageuses. Ils peuvent notamment négocier une limitation des cautions personnelles ou l'obtention de contre-garanties.
Pour optimiser ses chances d'obtenir un financement, il est conseillé de multiplier les contacts bancaires, en privilégiant les agences partenaires du réseau de franchise. Le dossier de financement doit être particulièrement soigné et présenter un projet solide et viable pour convaincre les banques d'accorder un prêt.